L'Etat Schizo
Les thèmes de l'ouvrage à travers ses critiques
Adrien de Tricornot, Le Monde, 6 novembre 2007
Ancienne directrice juridique du groupe Air France et professeur de droit à Paris II, l’auteure apporte une contribution éclairante au débat actuel sur le service public en critiquant les incohérences de l’État, qui « contraint EDF à brader l’énergie à un prix qui l’empêche d’investir dans des sources d’énergie durables », « laisse s’écrouler le fret ferroviaire » ou « néglige l’entretien des lignes de chemin de fer au point de frôler sans cesse l’accident » et réinvente les « fermiers généraux » en privatisant les autoroutes.
Jean-Philippe Thiellay (nonfiction.fr)
Quand un professeur de droit démonte les mécanismes du démantèlement de nos services publics, cela donne un livre excellent et tragique. Un véritable livre politique.
L’auteur, professeur de droit public à l’Université Panthéon-Assas à Paris, a la qualité, plutôt rare chez les universitaires, d’avoir aussi exercé des fonctions opérationnelles. Martine Lombard a à son actif un bibliographie scientifique très riche et les titres de ses ouvrages sont d’habitude moins racoleurs. Qu’importe, c’est un bijou à mettre entre toutes les mains que cet État schizo là. Par sa précision et son style, d’abord. L’auteur démontre que des sujets juridiques complexes peuvent être évoqués de manière vivante, sans renoncer en rien à l’exactitude. Le deuxième point fort est de ne jamais perdre de vue les implications concrètes des situations juridiques. Quand la science du juriste est mise à profit pour expliquer la vie quotidienne des usagers du service public et leurs galères, c’est un régal. Mais surtout, la raison pour laquelle ce livre fait œuvre utile est la suivante : L’État schizo est un livre politique, au meilleur sens du terme et c’est le meilleur qu’on ait lu depuis très longtemps.
Guylain Clamour, AJDA, février 2008
L’ouvrage défend ardemment le service public au sein d’une économie de marché, mais souligne les incroyables incohérences de l’État, sans jamais verser dans aucun de ces poncifs éculés ou erronés que l’on rencontre trop souvent. Page après page, chapitre après chapitre, la lecture du livre de Martine Lombard est un instrument incomparable de compréhension sur les occasions manquées, les ratés, et les carences politiques à Bruxelles comme à Paris.
Jean-Bernard Auby, Droit administratif, mai 2008
Le ton est donné dès la page 10 : « l’État français feint de braver l’Europe, mais c’est pour mieux aller au-delà de ses exigences. En vérité, il avance en crabe vers toujours plus d’abandons. Qu’il mette aux enchères les péages des autoroutes ou qu’il entame la cession des aéroports, il perd prise et nous fait courir des risques que bien de nos voisins préfèrent éviter. ». Les responsables politiques nationaux consentent à des reculs ou des timidités que l’Europe ne leur impose nullement. EDF se voit obstinément imposer de pratiquer des prix notablement inférieurs à ceux du marché, au risque de fragiliser à terme l’entreprise si puissante qu’elle constitue. C’est bien au-delà des exigences résultant de la construction européenne que l’État français privatise, cède ses actifs dans divers domaines : le droit communautaire n’imposait aucunement les cessions autoroutières. Ce n’est évidemment pas l’Europe qui impose à l’État de laisser à l’abandon le réseau ferroviaire, qui a perdu 40 000 km de lignes en 30 ans et qui est dans un état de délabrement préoccupant.
Stéphane Rodrigues, Concurrences, mai 2008
L’ouvrage se lit comme un feuilleton. C’est “la France des services publics” qui est au cœur de l’intrigue, laquelle débute dans un décor de rêve que le monde entier (ou presque) nous envie : un bureau de poste dans chaque village, l’électricité la moins chère d’Europe, des records de vitesse pour le TGV de la SNCF, etc. Mais le rêve se transforme en cauchemar pour les services publics en réseaux face au jeu de la concurrence. Comme dans tout bon roman policier, il reste à identifier le ou les coupables. Alors que l’auteur tente, dans un premier temps, de nous mettre sur la piste de l’Europe, grande prêtresse du chamboulement de nos services publics “à la française”, le véritable coupable est démasqué : c’est l’État lui-même, victime de son double-jeu.