Mon parcours

Je suis universitaire et le revendique fièrement tant cette qualité, qui repose sur le goût d’apprendre comme de transmettre, donne une incomparable liberté de pensée.
J’ai choisi d’être juriste parce que le droit définit les contours du contrat social, protège nos libertés ou hélas les menace, et nous permet en tout cas de vivre ensemble. J’en aime la rigueur et la précision dans l’emploi des mots, comme condition de l’esprit de nuance.
Enfin j’aime l’action car la liberté de l’universitaire ne peut rester un privilège délectable, elle est un atout pour tenter d’améliorer notre commune destinée et partager des valeurs fondamentales de solidarité et d’autonomie, de liberté et de respect de la dignité de chacun.

Martine-Lombard-portrait

Crédit photo : Stefan Meyer

Un parcours riche de diversité

Un cursus scolaire en Allemagne, prolongé par des études de droit à Strasbourg, m’a permis d’être reçue au concours d’entrée à l’E.N.A. en 1973 à 20 ans.

C’était trop tôt pour une telle école d’application et j’ai donc poursuivi des études, notamment à l’Université Paris 1 puis à l’Institut universitaire européen de Florence, et en réalisant une thèse de doctorat en droit d’abord un peu laborieusement (la beauté de la Toscane, de Venise, de Rome, avait trop d’attraits…) puis de façon plus rapide et déterminée.

L’agrégation de droit public en 1979 m’a permis d’être professeure à l’Université de Lyon 2 (1980-1983), dont j’ai gardé un très heureux souvenir, puis à Strasbourg, comme une sorte de retour vers l’Alma mater (1983-1986), mais avec une interruption ensuite de quelques années pour d’autres horizons.

Pendant ces années de césure, j’ai exercé des fonctions de conseil puis de directrice juridique d’Air France (de 1986 à 1993). Cette magnifique entreprise découvrait alors les grands vents de la concurrence. Les fortes turbulences qu’elle traversait étaient d’autant plus stimulantes pour la créativité d’un juriste. Aussi ai-je continué à les affronter comme avocate d’Air France et d’autres entreprises et institutions publiques (de 1993 à 2003).

Mais je n’ai jamais pensé quitter l’Université. J’ai eu la chance de redevenir professeure cette fois à Paris-Dauphine (1993-1997), avant d’être élue à l’Université Paris Panthéon-Assas en 1997, où je suis restée avec grand plaisir très longtemps. J’y ai été notamment responsable du master 2 en droit public de l’économie pendant une dizaine années. J’en suis maintenant professeure émérite.

Parallèlement, j’ai été membre du Conseil supérieur de la magistrature (2011-2015), une mission particulièrement intéressante au service de la Justice et des justiciables. J’ai aussi été membre du collège de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (2015-2019), avec l’urgence concrète de couvrir tout le territoire en couverture mobile et fibre, grâce à un travail conjoint avec les collectivités territoriales.

Présider les jurys du concours d’entrée à l’ENA en 2008,  puis, près de dix ans plus tard, de l’agrégation de droit public en 2019-2020 m’a offert enfin la joie de découvrir tant de talents et de motivation au sein des nouvelles générations, en leur sachant gré d’être parfois capables de nous surprendre. Les nouveaux collègues issus de ce dernier concours ont eu notamment le mérite d’affronter les temps difficiles du confinement lié à la pandémie de Covid 19, avec ses incertitudes, puis de subir le rythme très rapide des épreuves lors des mois de liberté avant le reconfinement

Un parcours cohérent

La cohérence de ce parcours, par-delà sa diversité, tient à la perception du droit comme d’un outil non seulement pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons mais aussi pour tenter de le faire évoluer de façon pragmatique, si possible vers plus de solidarité et de liberté tout à la fois.

Cela m’a conduite parfois à sortir délibérément du champs des études destinées aux juristes pour tenter de m’adresser au grand public.

A côté d’ouvrages ou articles destinées aux éditions juridiques, deux livres ont traduit ce souci :

  • « L’État schizo », publié en 2008 aux éditions Jean-Claude Lattès, pour relever les préoccupations opportunistes, voire électoralistes, en tout cas sans souci du long terme, qui prévalaient trop souvent, au risque de détruire la richesse de notre modèle de « services publics à la française ».

A cette époque EDF apparaissait comme une cagnotte quasiment inépuisable, au point que je m’interrogeais, en sous-titre du livre, sur le risque d’un « prochain krach » pour EDF, et d’autres entreprises publiques.

Quinze ans plus tard, ces considérations sur les risques encourus notamment par EDF apparaissent si prémonitoires que ce livre n’a pas besoin d’une 2ème édition. Il suffit hélas de suivre l’actualité …

  • « L’ultime demande », publié en novembre 2023 aux éditions Liana Levi, avec pour sous-titre « L’aide à mourir paisiblement : une liberté à notre portée ».

Les travaux que la Convention citoyenne sur la fin de vie a menés de décembre jusqu’au 2 avril s’inscrivent en droite ligne de ses constats.

Il reste à en tirer les conséquences, en préparant notamment un projet de loi. Le livre présente précisément les différents modèles de législations adoptées dans le monde en la matière, avec leurs avantages et leurs limites.

Ce livre propose des réponses argumentées aux principales questions qui se posent aujourd’hui.